DIDIER MAZURU
Ce dessin est une improvisation qui est typiquement le fruit de mon intérêt pour les accumulations!
Les galets de ce dessin sont essentiellement là comme structure d’accueil pour recevoir une écriture qui se développe spontanément tel le médium d’un langage formel obscur non pas destiné à être compris mais simplement exploré en tant que jeu sensible. C’est là en quelque sorte, l’expression d’une quête de sens du "faire" fondée sur le bonheur d’exprimer autant que possible le pur ressenti immédiat qui fleurit à chaque seconde dans notre conscience d’être. Ni centre, ni hiérarchie affirmés. On peut dire qu’ici, chaque détail est conçu comme un centre : "Le centre est partout et la circonférence nulle part ".
Didier Mazuru
De l’ignorance à l’innocence
Point de vue d’un artiste sur son travail pictural
J’ai commencé à peindre parce que je sentais un appel auquel je devais répondre. Mais je ne savais pas trop quoi peindre. Donc, dans mon premier carnet de croquis, en 1981, je commençais à tracer des lignes produites par la libre circulation de ma main. L’œil tirait ensuite à l’aide du crayon, des formes et des volumes de ces lignes entrelacées. Cette série de dessins a été appelée : “Les yeux ouverts”, “Les yeux fermés” ou “Errance du trait”. Mais la plupart d’entre eux sont restés à l’état d’esquisses jusqu’aux environs de 2008, Car peu de temps après les avoir fait, je les ai abandonnés pour me consacrer à des dessins et des huiles sculpturaux et architecturaux de nature post-surréaliste. Vers 1987 sont apparu dans mon travail des amas de formes au caractère anthropomorphique réunis sous le nom : ”Dans l’Ossuaire des Songes ”.
Dans le milieu des années 90, j’ai commencé une série de dessins aux volumes simples, que j’ai appelés "Mécanosphère", "Technosphère” ou “FRA”, à savoir “Fragment”, mais aussi “Fraternité”.
Autour de 2008 je suis retourné à certains de mes anciens croquis des années 80 et à mon ancienne façon de créer des images en laissant ma main se promener librement sur le papier. Je suis parti à la recherche d’une forme de structure capable de vibrer au diapason du moi intérieur et d’en révéler son potentiel et son énergie.
Afin d’élargir le champ des possibles, j'ai fini par choisir le chaos comme point de départ de toute ma recherche picturale. J’ai découvert alors que la façon de procéder pour démarrer et élaborer une image était décisive dans la direction prise par l’exploration picturale qui suivait.
Depuis quelques années, mon travail de peinture commence par une réflexion sur la façon dont je vais procéder. Puis, une fois l'action engagée dans une direction prédéterminée, je tente de laisser les choses venir naturellement de telle sorte que le résultat final puisse exprimer la vitalité et l’énergie engagée dans l’acte de peindre, sans le souci de “bien faire”. Ici, bien faire signifie faire librement sans penser, analyser ou juger. Au souci de préserver la spontanéité du jeu pictural s’ajoute une vision personnelle qui appartient en propre à l’artiste et qui est le fruit d’années d’expériences et de réflexions sur la peinture. Il s’agit d’atteindre un équilibre entre la spontanéité du geste et l’intention de l’esprit. Mais pour être en mesure de rester naturel, ce travail doit être effectué de façon innocente. En effet, il me semble que dans le domaine artistique, ce qui est fait trop consciemment n’est plus tout à fait authentique, au sens où cela ne permet pas au travail formel ainsi effectué de vraiment surgir des profondeurs de notre être.
Didier Mazuru
2016